Amy se réveilla recroquevillée sur un sol froid et humide, où juste une lumière diffuse pénétrait par un soupirail en haut d'un mur, tant il était obstrué par une épaisse toile d'araignée. D'abord elle crût qu'elle rêvait, mais cela avait l'air beaucoup trop réel. L'angoisse et la peur commencèrent à pénétrer dans tous les pores de sa peau. Elle se demandait comment elle était arrivée dans un endroit aussi lugubre, sentant que rien de bon ne pouvait s'y passer.
Elle ouvrait de grands yeux, essayant de voir ce qu'il y avait dans cette espèce de cave nauséabonde, et hurla de terreur en voyant les ossements et les crânes qui jonchaient l'un des coins. Ce qui restait d'un squelette était encore attaché à deux chaînes fixées dans la pierre.
Elle se leva, cherchant désespérément à sortir de la pièce, et aperçut la porte entrouverte.
Elle se précipita dessus, l'ouvrit à la volée, et s'enfuit dans le dédale du sous-sol.
Elle ne prit pas garde à la direction où elle allait et se retrouva bientôt au pied d'un escalier qu'elle gravit aussi vite qu'elle put. Son coeur cognait trop fort dans sa jeune poitrine, et bientôt elle dut s'arrêter pour reprendre son souffle.
Quand sa respiration saccadée reprit un rythme à peu près normal, elle entendit comme un murmure au creux de son oreille : Amyyyyyyyy, Amyyyyyyyyyyy, nous te vouloooooooooons... La pauvre fille sentait tous les poils de ses bras se hérisser. Elle qui s'était si souvent moquée de son jeune frère qui faisait pipi au lit se mit à mouiller sa petite culotte. Elle sentait comme un souffle d'air pernicieux tournoyer autour d'elle. D'une façon malsaine, des mains invisibles la caressait sur tout le corps. Elle cria, cria, encore et encore, la gorge en feu, ne sachant plus ni où aller ni quoi faire pour échapper à ses tourmenteurs.
"Tu seras bientôt des nôtres" lui susurrait une des voix. Elle plaqua ses mains sur ses oreilles, pour ne plus entendre cette voix caverneuse qui semblait sortir tout droit de l'enfer. Du sang s'écoulait des murs, formant de petites flaques sur le sol. Un énorme chandelier passa à quelques centimètres de son visage et alla se fracasser contre un pilier en bois. D'autres objets les plus divers volaient autour d'elle, flottant dans l'air d'une façon inexplicable.
Elle entendait des pleurs déchirants d'enfants, sortis don ne sait où.
Puis, comme si l'horreur n'avait pas encore dépassé toutes les bornes, elle vit sur ses bras sa peau onduler et prendre une forme, celle de doigts invisibles pressant sa peau délicate. Tout son corps était palpé et caressé.
Et tout cessa d'un coup, comme si rien n'était arrivé. Elle avança, étourdie et titubant telle une personne ivre dans l'immense manoir. Quand elle leva la tête elle vit ce qu'elle aurait mieux fait de ne jamais voir.
Au bout du couloir quatre créatures abjectes sorties dun cerveau aussi délabré et tordu que celui qui écrit ces lignes la regardait avec dans leurs yeux chassieux toute la folie perverse et ignoble dont ils étaient capables.
Une des créatures avait dans sa main la tête d'une jeune fille qu'elle crut reconnaître, son sang dégoulinant sur le sol. Il lui semblait que c'était leur ancienne baby-sitter, Fabiola, une pimbêche qui n'aimait pas son petit frère quand elle venait les garder à la maison. Elle avait mystérieusement disparue voici deux ou trois ans. Malgré tout ce temps passé, cette tête avait l'air aussi fraîche que si elle avait été arrachée la veille.
La créature la lança vers Amy. Elle porta les mains à sa bouche, horrifiée de voir cette boule humaine rouler vers elle et éclabousser ses socquettes blanches de fines gouttelettes rouges. Et les spectres se rapprochèrent d'Amy devenue folle de terreur sans même toucher le sol, la pénétrant de toute part, se délectant de son âme damnée, faisant éclater chaque partie de son corps, la désintégrant en d'infimes particules.
Ce qui avait été si jolie pendant treize années et qui serait devenue une femme acariâtre et mauvaise si elle avait vécu encore longtemps se retrouva mélangée à l'atmosphère viciée de cet endroit oublié des hommes.
Ses parents la pleurèrent énormément, et Petit Joe retrouva un sommeil normal et bienfaiteur, sans cauchemars, jusqu'à lâge de douze ans. C'est là dans sa nouvelle classe d'école qu'il fit connaissance avec un petit con mauvais comme la peste qui n'arrêtait pas de le tourmenter. Ses cauchemars reprirent de plus belle, jusqu'à ce que le petit con en question se retrouva dans le manoir de l'épouvante et connut des souffrances bien pires que ce que Amy avait enduré.
Lui ne fut regretté de personne, même pas de ses parents qui l'avaient pourtant mis au monde, encore plus abrutis que leur progéniture, imbibés du matin au soir du mauvais vin quils ingurgitaient sans arrêt.
A se demander comment ils s'y étaient pris pour faire les mouvements nécessaires à la procréation sans tomber de leur lit.
Les entités attendaient patiemment qu'un autre visiteur se présente, tuant le temps comme ils le pouvaient.
Ils se disaient qu'ils avaient été trop rapides avec Amy, qu'elle aurait dû souffrir davantage et avoir encore plus peur.
Ils s'étaient bien rattrapés avec l'autre, pendant des jours et des jours, jusquà ce qu'il ne soit plus qu'un dément.
Maintenant il était enfermé dans l'une des pièces du sous-sol, attaché, traînant ses chaînes, parlant à des gens invisibles, insultant les étoiles, bavant comme un chien assoiffé, nourri grâce aux rats qu'il arrivait à attraper, mordant dedans encore vivants.
On vous l'a dit, le maître des lieux veillait à ce que personne ne s'échappe...
auteur : mario vannoye
le 06 août 2007