Eraserhead



Quand on a éliminé tous les possibles,
il reste encore l'improbable.




Le chemin qui serpente à travers la forêt est vraiment très pénible, à peine visible à cause de tous les arbustes et les ronces qui leur griffent le corps. Des dizaines de moustiques affamés les prennent pour leur déjeuner. Leurs sacs à dos pèsent des tonnes, sous un soleil de plomb qui les cuit comme des crêpes au jambon, et le jambon, ils ont la furieuse impression que c'est leur tête. Heureusement que de temps en temps les arbres les protégent de ses morsures, et c'est mort de fatigue qu'ils aperçoivent enfin le chalet au milieu d'une clairière.
Ils sont cinq en tout, trois garçons et deux filles entre dix-neuf et vingt-quatre ans, tous amis de longue date. Ils rejoignent un autre groupe qui est ici depuis trois semaines.
Eux n'y sont jamais venus, mais d'après ce que leur a raconté un copain, c'est un endroit où ils passeront des vacances inoubliables.
Et il avait raison le bougre. Le chalet, construit en gros rondins, est tout simplement magnifique. A quelques dizaines de mètres il y a un lac d'une extrême limpidité. Quelques barques sont accrochées à un embarcadère en bois. Ils se voient déjà faire de superbes promenades sur l'eau, et pourquoi pas pêcher. Les poissons doivent être monstrueux ici.
Ils appellent mais personne ne leur répond. Bon, ils sont peut-être dans le chalet ou bien partis se balader. En laissant la porte grande ouverte ? C'est quand même étonnant, normalement ils devaient les attendre pour aujourd'hui.
Ils entrent dans le chalet, trop heureux de pouvoir enfin se reposer.
Il n'y a personne à l'intérieur.
Et tout est renversé, tables, chaises, tiroirs, vaisselle, matelas...
Comme si un ouragan avait dévasté les lieux.






- Mais qu'est-ce que c'est que tout ce foutu bordel ?
- Merde ! Ils se sont bagarrés ma parole !
- C'est sûrement un ours qui est entré, c'est pas possible autrement !
- Un ours qui monte à l'étage ? Et qui arrive à ouvrir les tiroirs et les sacs ?
- Ben ouais, pourquoi pas ? T'as jamais vu ça ?
- Espèce d'andouille, il n'y a même pas la moindre trace de griffures !
- Moi j'sais pas, mais j'ai plus très envie de rester ici.
- T'es folle ou quoi ? On vient juste d'arriver.
- Bon, on va déballer nos affaires et ranger tout ce capharnaüm en les attendant. Ils ne devraient pas tarder. Et j'ai faim moi, qui a les sandwichs ?
Trois heures plus tard les autres ne sont toujours pas revenus. Ils commencent sérieusement à s'inquiéter, parlent de chose et d'autre, essaient de plaisanter mais le cœur n'y est pas. Où sont-ils bien passés ?
Il est vingt et une heure trente, et il fait presque nuit. Ils ont exploré les environs mais rien, rien de rien, il n'y a aucunes traces de leurs compagnons.
Ils passent la soirée du mieux qu'ils peuvent, attentifs au moindre bruit, à la moindre voix venue de l'extérieur qui serait pour eux un réel soulagement. Ils ne connaissent pas la région mais décident tout de même que dès le lendemain matin à la première heure ils feront des recherches plus loin dans la forêt. Si bien entendu ils ne sont toujours pas de retour d'ici là.
D'ici là ? Il y a tellement de choses qui peuvent se passer d'ici là.

Il est maintenant onze heures du soir. Ils ont fait un feu de camp pour cuire des grillades prises dans le frigo, car il y a un groupe électrogène. Ne trouvant pas d'explications logiques à l'énigmatique disparition de l'autre groupe, l'un d'eux décide de fouiller le chalet plus profondément. Peut-être trouveront-ils un indice ou quelque chose qui leur donnera la clé du mystère. Ça ne coûte rien d'essayer ! Alors ils cherchent partout, dans les moindres recoins.
- Regardez ce que j'ai trouvé, un carnet. Il était sous le vaisselier.
- Un carnet ? Fait voir ça. Hé ! On dirait un journal intime. Il y a des dates inscrites, avec tout un tas de choses griffonnées.
L'écriture est petite et serrée, ils ont beaucoup de mal à la déchiffrer.
Et ce qu'ils lisent leur donne froid dans le dos.






Lundi 3 juillet.
Nous sommes enfin arrivés. Ça n'a pas été une mince affaire, bon sang on en a bavé. La route pour venir jusqu'ici (est-ce qu'on peut appeler ça une route, bordel non, c'est un chemin qui serpente dans les bois, un putain de chemin qui nous a vraiment cassé les couilles) donc ce foutu chemin était presque impraticable. Heureusement qu'on avait des machettes, sinon on y serait encore. Et tous ces moustiques, si avec ça j'ai pas chopé une cochonnerie ! J'ai horreur de ces bestioles, elles vous énervent avec leur bzzzz bzzzz bzzzz dans les oreilles et vous sucent le sang jusqu'à en être complètement bourrées. Kate a été mordue par une araignée alors qu'on se reposait assis par terre. Je l'ai vu se faufiler dans l'herbe, elle était grosse et toute noire. Je parle de l'araignée bien sûr, pas de Kate. J'ai réussi à l'écraser cette saloperie, j'en avais plein ma godasse, c'était tout visqueux. Elle a gueulé comme si on l'égorgeait. Là je parle de Kate, pas de l'araignée. Sa main est devenue toute rouge et a enflé comme une baudruche. Ça lui faisait un mal de chien. On lui a mis tout de suite un antiseptique de notre trousse de secours, ça s'est calmé dieu merci.
Après ça Kevin et Peter se sont engueulés pour des conneries. Ils n'ont pas l'air de bien s'entendre ces deux là. C'est quand même dommage, on a un mois entier à vivre ensemble. Mais bon, peut-être que ça s'arrangera.
Kevin bosse dans le pétrole, sur des plates-formes de forage. Il jure que par ça. Ce foutu pétrole ! Quand il n'y en aura plus, il fera comme nous, il ira à pied. Il n'arrête pas de nous rabâcher les oreilles avec son boulot. Punaise, on est en vacances non ?
Christian fait le pitre, comme d'habitude. Rien ne l'arrête celui-là. C'est le meilleur pote que j'ai jamais eu. On se connaît depuis tout petit. Maintenant il a dix huit ans, comme moi, avec autant de boutons sur la figure qu'il y en a dans une mercerie. Sauf que moi j'ai pas de boutons. Ça le désole, mais ça passera que je lui dis.
Il pense qu'aux filles, tout le temps. Il m'a dit qu'il a jamais trempé son biscuit, il attend que ça. Moi non plus je l'ai jamais trempé, et alors ? Punaise, c'est pas la fin du monde ! Sauf que lui ça le chagrine d'avoir des hormones aussi exigeantes. On en rigole souvent. Mais il est d'une timidité maladive, et il la cache en faisant le pitre. C'est pour ça qu'il n'arrive pas à se trouver une copine, il est beaucoup trop timide. Il s'intéresse à un tas de choses. Musique, photo, astronomie... J'vous dis pas toutes les nuits qu'on est resté à admirer le ciel, juste nous deux allongés dans l'herbe. C'est tellement beau et… si grand. Je l'appelle Chris, y a que moi qui l'appelle comme ça, c'est vous dire si on est potes. Je l'adore ce mec.
C'est lui qui m'a donné goût à la lecture et m'a fait découvrir des écrivains aussi fabuleux que Stephen King, Graham Masterton, Maxime Chattam, Brian Hodge et tant d'autres. Je ne l'en remercierai jamais assez.
Bon faut que je termine cette page, ça va être l'heure de la bouffe. Mais c'est plus fort que moi, dès que je commence, j'arrête plus. J'adore ça, écrire. J'invente aussi des petites histoires, des histoires d'horreur. Je crois que c'est pas si mal que ça. Je plonge dans mon monde imaginaire, et franchement, c'est délicieux.
Le chalet est magnifique, la région splendide. Que demander de mieux ?






Après ce qu'ils viennent de lire, ils sont très étonnés. Le chemin n'est pas des plus agréable, mais de là à utiliser des machettes, il y a un monde. Il n'est pas facile d'accès, d'accord, mais on aurait dit que pour arriver jusqu'ici les autres avaient traversé la jungle ou une forêt vierge. Bizarre tout de même.
Ils continuent leur lecture, pendant que dehors le vent se lève et gémit dans la cheminée. Les quelques pages qui suivent ne sont pas très intéressantes, elles relatent leurs premiers jours au chalet : ballades, baignades, pêche, barbecues et bronzettes au soleil. La fameuse Kate (qu'ils ne connaissent pas) s'est remise de sa morsure d'araignée.
Ils arrivent à une page très intrigante.





Vendredi 7 juillet.
Kevin est de plus en plus bizarre. D'habitude il parle sans arrêt et n'arrête pas de déconner, mis à part les disputes qu'il a avec Peter. Ça s'est pas arrangé. On dirait toujours deux chiens prêts à se sauter dessus et à se mordre. L'ambiance s'en ressent et j'ai voulu en discuter avec eux. D'accord ça me regardait pas mais y en a marre de leurs conneries. Je comprends mieux pourquoi ils sont comme ça, une sombre histoire de copine que Peter a piqué à Kevin. Il l'a pas digéré. Mais c'était il y a deux ans, et depuis la copine en question s'est amourachée d'un autre. Moi je dis qu'une fille qui saute comme ça de mec en mec comme une abeille de fleurs en fleurs, elle ne mérite pas autant d'attention. C'est son amour-propre qui en a pris un coup à Kevin. Ils étaient pourtant bons copains tous les deux ! Alors autant mieux enterrer la hache de guerre, c'est du passé. Je crois qu'ils ont compris le message, ils se sont serrés la main et même jusqu'aller se donner une tape dans le dos. J'ai toujours été doué pour ce genre de truc, faire parler les gens pour qu'ils expriment ce qui est profondément enfoui. J'aurai dû faire psy.

Kevin est parti hier matin après le p'tit déj. tout seul dans les bois. Il avait besoin de s'oxygéner la tête qu'il nous a dit. On ne l'a pas revu de la journée. Il n'est revenu que le soir vers six heures, et on a bien senti qu'il n'était pas dans son état normal. Il avait la tête de quelqu'un qui a vu quelque chose d'épouvantable. Punaise, cette tête ! Ses yeux ne restaient pas en place une seule seconde. On lui a demandé où il était allé mais il n'a pas répondu. Je ne sais même pas s'il se rendait compte qu'on était avec lui. Dans la soirée je lui ai mis la main sur l'épaule et il a fait un bond pas possible, j'ai bien cru qu'il allait nous claquer dans les doigts, terrassé par une crise cardiaque. J'ai eu aussi peur que lui.
Et il regardait tout le temps vers la forêt.
Les autres ont demandé ce qui lui arrivait, parce que jamais il n'était comme ça. Il commençait sérieusement à nous foutre la trouille, surtout aux filles. Peter a essayé de lui tirer les vers du nez, vu qu'ils s'étaient réconciliés, mais il n'y a rien eu à faire. Une vraie pierre tombale. Il n'est même pas venu à table avec nous. Il restait là dans son coin, assis sur une chaise. Alors qu'on ne s'y attendait pas du tout il a dit une phrase, une seule, pendant qu'on mangeait en lui jetant quelques coups d'œil en coin.
Il a dit :
- Ils viendront ici. Je suis sûr qu'ils viendront ici.
Personne n'a su quoi répondre, tellement on était surpris de l'entendre. Il s'est levé et est monté à l'étage, on aurait dit que toute la misère du monde était sur ses épaules. Ce pauvre Kevin, qu'avait-il bien pu voir dans cette maudite forêt ?
On a continué notre repas mais les discussions n'étaient pas très variées. En fait il n'y en avait qu'une seule. A propos de Kevin.
Dès la vaisselle terminée, je suis allé le voir. Il dormait tout habillé sur son lit, son visage semblait plus serein. Il n'avait plus ce masque d'épouvante. On est sorti faire un petit feu de camp et fumer quelques tarpés, assis tout autour. C'était pas trop le moment, à cause de Kevin, vu que ça tourneboule la tête et vous la met en vrac, pire que dans le sac à main d'une dame. En fait la réalité se déforme et fait ressortir le présent de nos profondeurs, le plaisir aux lèvres. Le plaisir et les fous rires pour un rien. A un moment je me suis retrouvé en pleine contemplation des flammes de notre feu, complètement stone. L'une d'elle était un troll qui dansait en me faisant des grimaces. Punaise qu'est-ce qu'il était moche. J'ai jamais vu quelqu'un d'aussi laid. Il arrêtait pas de me regarder, j'ai bien cru qu'il allait me demander ma main. J'ai tourné la tête pour ne plus le voir. Les autres discouraient sur la relative existence de l'être par rapport à l'immensité de l'univers. Enfin ils essayaient, et c'était pas facile. Un sujet si profond que je m'y suis perdu, tellement j'avais de pensées abstraites qui se bousculaient dans ma cervelle.
C'est ça l'effet d'un bon tarpé, pleins d'idées très sensées ou complètement farfelues qui se tordent et se détordent, c'est le paradoxe de la vérité. A trop fumer cette merde nous sommes quelqu'un de différent, capable de percevoir un monde fantastique que nous créons nous-mêmes. Un monde imaginaire qui a l'air tellement réel. Mais qui peut nous en vouloir ?
La musique de Fleetwood Mac sortait du radio portable, et le solo de guitare de Lindsey Buckingham était enivrant, démesurément grandiose. Je ne faisais plus qu'un avec cette musique, elle m'emportait et me dévoilait des choses si monstrueusement belles. J’arrivais maintenant à en percevoir toute la substance, j’étais en elle, je voyais des images défiler devant moi au fur et à mesure que les notes étaient jouées, adéquation parfaite entre les deux. Le sourire que j’avais sur mes lèvres n’en finissait plus de s’élargir, tellement je me sentais heureux. Entre l’extase et l’émerveillement, j’étais tellement libre de tout, oscillant de droite à gauche, voyage sensoriel que je ne voulais jamais terminer. Mes amis à côté de moi n’existaient plus, et pourtant je me sentais si proche d’eux, je les aimais à m’en faire mal. J'ai regardé Chris et mon affection pour lui a décuplé, je me sentais perdu sans lui. Je voyais mes pensées bouillonner, mes émotions me submerger, chaque fibre de mon corps voulait sortir de moi et se désintégrer dans l’espace-temps. Ce bonheur indicible a duré peut-être une éternité, peut-être une seule petite seconde, mais je crois qu’avec tout ce que j’ai vu et ressenti de merveilleux, le temps n’avait plus d’importance. C’était plus qu’un plaisir physique et émotionnel, c’était le bonheur à l’état pur.
Tiens, mon troll est encore là. Il me sourit. Je crois qu'on va devenir supers potes tous les deux. La flamme devient vivante, elle m'emmène avec elle. Ça y est je suis vraiment parti, je me perd dans un labyrinthe de chimères et de châteaux flamboyants, mon monde m'appartient. Je me laisse défaire mais je me jure que je m'en fous.
Dans un sursaut d'existence j'ai sorti une phrase sublime qui les a tous fait rire quand un hurlement de terreur nous a cloués sur place. Ça venait du chalet. C'était Kevin qui hurlait. On s'est précipité en essayant de rassembler nos esprits. Il était recroquevillé dans un coin de la chambre et balançait ses bras devant lui, comme pour chasser une créature invisible. Il arrêtait pas de dire ils sont là ils sont là, ils sont tous là, faites les partir je vous en supplie faites les partir.
J'ai essayé de le calmer et lui ai demandé qui était là pour lui foutre une telle frousse. Mais il continuait, continuait… Il s'est mis à sangloter comme une fille, il pouvait plus s'arrêter, pendant au moins dix minutes. Puis j'ai demandé si quelqu'un était d'accord pour rester avec lui et Peter s'est proposé. Je voyais bien qu'il était pas très chaud, parce qu'il avait aussi peur que nous, et ce n'est pas tout ce que nous avions fumé avant qui arrangeait les choses. Mais il est resté, merci à lui.
On est redescendu, mais pour nous la fête était terminée. La porte des plaisirs interdits s'était refermée, et une fois dehors il faisait si froid. Je suis remonté peut-être une heure plus tard, pour voir si tout allait bien, et y avait plus personne.
Ils avaient disparu.






C'est plus fort qu'eux mais ils n'arrivent pas à y croire. Ça leur paraît tellement invraisemblable ! Deux personnes qui disparaissent comme par enchantement ? Ils veulent absolument connaître la fin de l'histoire, tout en étant plus très sûr de désirer rester ici. Mais il fait nuit maintenant, il leur faudra attendre le lendemain matin.
- Merde, il était vraiment stone pour écrire des trucs pareils. Ça lui a explosé les neurones. C'est un putain de délire oui. Vas-y, lis nous la suite.





Mercredi 9 juillet.
Hier soir quelque chose d'épouvantable est encore arrivé. Nous étions dehors après le repas, toujours autour d'un feu, à discuter et trouver une réponse logique à la disparition de Kevin et de Peter. Mais il n'y avait pas de logique dans cet événement bizarre. Soudain Kate s'est levée et a hurlé en mettant ses mains sur ses oreilles. Elle avait le visage décomposé, elle n'en pouvait plus de souffrances. Puis elle a déchiré ses vêtements, tous ses vêtements. On a bien essayé de l'en empêcher, mais c'était une véritable furie. Ses habits volaient dans tous les sens. Du sang giclait de son nez, une véritable fontaine. De la voir comme ça toute nue, ça aurait pu être très excitant dans d'autres circonstances, et j'aurai certainement bandé comme un âne et pourquoi pas m'offrir une bonne petite branlette le soir sous la douche en repensant à son corps de rêve, à ses petits seins si mignons et son triangle d'amour, mais là franchement y avait vraiment pas de quoi. Elle bavait une espèce de liquide verdâtre, vous savez comme dans le film 'L'exorciste'. Elle a ramassé un bâton et a fait des choses obscènes avec, ça allait et venait dans son intimité, c'était affreux à voir. Elle nous regardait en proférant des mots immondes d'une voix gutturale, une voix d'outre-tombe : 'Je vous baise sales petits connards, je vous baise jusqu'à l'os et vous aimez ça enfoirés'. Jenny s'est agenouillée et s'est mise à prier, toute tremblante. Elle a toujours été très croyante. Mais ça nous a pas beaucoup aidé. Kate continuait, encore et encore, elle arrachait ses chairs avec son bâton, du sang dégoulinait sur ses jambes. Puis soudain elle a couru vers la forêt en hurlant comme une folle qu'elle était devenue, et on a senti un souffle mauvais sortir des entrailles de cette maudite forêt, comme si elle était heureuse de l'accueillir.
Puis elle a disparu.
Nous étions tous sous le choc, incapable du moindre geste, de la moindre parole.


Jeudi 10 juillet.
Allan et Jenny se sont également volatilisés. Ça me déchire les tripes, mais il ne sont plus là. Ils étaient tous les deux dans la salle de bain, on les a entendu crier, des cris horribles. Le temps d'aller voir ce qui se passait et il n'y avait plus personne. Le robinet du lavabo coulait à fond, mais eux n'étaient plus dans la pièce. Seulement deux petites flaques d'eau sur le sol. Rien que de l'écrire ça me fout la chair de poule. Des gens qui disparaissent comme ça sans laisser de traces, y a vraiment de quoi devenir complètement fou.
Nous ne sommes plus que deux, Chris et moi, terrorisés à l'idée que ce sera bientôt notre tour. On a bien essayé de partir d'ici mais c'est impossible. Quelque chose dans les bois nous veut du mal, il y a une férocité dans le vent que je n'ai encore jamais ressenti. Nous sommes ici des intrus, ça nous combat, comme un organisme qui combat un foutu virus. J'ai vu des choses dehors, des lueurs transparentes. Elles attendent. Ça ressemble à des monstres abominables qui naviguent dans l'atmosphère, comme des gros serpents. C'est une entité qui se venge, j'en suis sûr. Une chose bien au-delà de ce que nous connaissons. Elle ne veut pas de nous.
Et si jamais cette chose décide d'émerger pour nous confronter, de quoi aura t'elle l'air ?
C'est l'effondrement total, notre espoir d'en sortir vivants agonise.






A la lecture de ces quelques pages, les cinq personnes rassemblées dans le salon sont morts de trouille. Ils sentent que quelque chose n'est vraiment pas normal dans le coin. La peur les pénètre, leur donne la chair de poule, et ils sont persuadés que ce qu'ils viennent de lire n'est pas le fruit d'une imagination trop débordante ni les effets d'une drogue quelconque, mais la réalité. Ils le sentent au plus profond d'eux-mêmes, cet endroit est maudit, et jamais ils ne pourront partir d'ici. Ils regrettent amèrement d'être venus, mais il est trop tard.
Et le vent continue de souffler, de plus en plus fort. Les murs du chalet craquent, gémissent, se lamentent désespérément, tandis que l'innommable se prépare.





Vendredi 11 juillet.
Hier soir nous étions Chris et moi dans la chambre. On ose plus sortir. C'est trop terrifiant. Je sais que je vais perdre mon meilleur ami, il va disparaître comme les autres. Quand ? Peut-être ce soir, peut-être demain, mais il disparaîtra, et il le sait. Puis ce sera mon tour. Ou alors d'abord moi et ensuite lui. On a jamais eu aussi peur de toute notre vie, parce que cela dépasse notre entendement, c'est d'une incompréhension totale. On se remémore les bons moments passés ensemble, pour se soutenir l'un l'autre, frêles souvenirs d'une incroyable lucidité.
Nous savons que l'inéluctable doit arriver, sentant notre mort prochaine. Nous sommes condamnés.
Oh Chris pourquoi doit-on déjà se quitter, nous avions tellement de choses à vivre encore.
On s'est souvenu de la fois où il a passé deux semaines à l'hôpital, après une chute d'un arbre où nous avions construit une petite cabane. Nous avions douze ans à l'époque. Trois jours après son accident, ses parents m'avaient emmené le voir avec eux dans sa chambre d'hôpital, et je vous dis pas l'angoisse qui m'a saisi quand le l'ai vu allongé avec ses pansements autour de sa tête et une jambe dans un plâtre. Des tuyaux sortaient de son nez, ce qui m'a franchement terrorisé. Il avait une fracture du crâne, et sa mère n'en pouvait plus de pleurer en lui serrant la main. La respiration de Chris était un sifflement erratique qui me glaçait les sangs. Tous ces tuyaux étaient pour moi aussi gros que des durites de radiateur, et je me suis demandé comment il arrivait encore à respirer avec de tels engins qui lui sortaient du nez. Une aiguille recouverte d'un sparadrap pénétrait son bras aussi mince qu'une baguette, et derrière cette aiguille il y avait encore un tuyau qui remontait à un bocal rempli d'un liquide transparent. Chris était blanc comme la mort, mais Dieu merci, il était conscient. Ses yeux se sont tournés vers moi. Dans un chuchotement il m'a dit quelque chose. Il n'y avait presque rien dans ce chuchotement, mais je l'ai entendu et j'ai approché mon oreille de ses lèvres, mon cœur battant à tout rompre. Il m'a dit dans un souffle : 'Mon vieux pote, t'es là aussi ? C'est super. Tu vois, j'ai encore fais l'intéressant. Ce n'est pas ta faute, ce n'est pas ta faute'. Et dans un effort surhumain il a levé un bras et m'a caressé la joue d'une main tremblante. Je ne voulais pas pleurer mais me montrer un grand garçon, mais les larmes ont explosé de mes yeux, je n'en pouvais plus de peur et de douleur, et moi aussi je lui ai pris la main et l'ai serrée mais pas trop fort, parce que je ne voulais surtout pas lui faire mal. Je me sentais responsable de ce qui lui était arrivé, parce que c'est moi qui avais voulu construire cette cabane dans l'arbre, et quand je l'ai vu tombé des quatre mètres de hauteur, j'ai paniqué et me suis rué sur lui et ai bougé sa tête pleine de sang, ce que je n'aurais jamais dû faire.
Mais il s'en est bien remis, et nos expéditions dans notre cabane sont reparties de plus belles.
Nous avons parlé comme ça des heures entières, presque toute la nuit. C'était si bon d'être ensemble, évoquant tous ces souvenirs, et au moins on ne pensait pas à ce qui nous arriverait bientôt.

J'ai fini par m'endormir, à peine une demi-heure, d'un sommeil agité. A mon réveil, mon premier réflexe a été de regarder si Chris était là, sur son lit, mais il était vide. J'ai appelé, mais je savais que c'était inutile.
C'était terrible, j'étais désespéré, un grand vide me serrait le cœur. Chris avait lui aussi disparu.
On ne meurt pas d'inquiétude, de maladie ou de vieillesse, on meurt de trop aimer les autres.
Surtout quand c'est quelqu'un de notre famille, ou un véritable ami.
Le bonheur n'est possible que s'il est partagé.


Samedi 12 juillet.
Dix heures du matin.
Je suis seul maintenant.
Des idées terribles me viennent à l'esprit.
Une force inconnue me force à penser des choses désespérément sombres, comme pour me remettre à ma place, petit écrivain de pacotille croyant savoir raconter de bonnes histoires.
Je vais essayé de les écrire, bien que cela me semble excessivement grandiloquent :

Parmi les ombres spectrales de nos cœurs endurcis, je ne vois plus de ces bonheurs indicibles qui formaient la masse bienfaisante de notre jeunesse farouche. Comment croire qu'il soit encore possible d'espérer un jour pouvoir jouir de ce qui fut amour. Les eaux glacées de notre monde fourmille de soi-disant possesseurs de pouvoirs ténébreux pour mieux nous imposer leur dictature infecte, pour ne plus ressembler qu'à de pauvres moutons prêts à se jeter du haut de notre propre existence au moindre de leurs ordres. Et aucun soi-disant messie ne se lèvera un jour pour nous délivrer de nos peurs intérieures qui nous emprisonnent dans un carcan de préjugés absurdes dont le seul but inavouable est de faire se gêner envers ceux que l'on aime. Mais cet affreux défaut qu'est ce qu'on appelle la timidité nous empêche de le leur prouver par des paroles sans honte et sans hypocrisie. L'esprit a beaucoup plus à dire que la parole. Même une amitié profonde ne peut seule exprimer par des mots inutiles toute l'affection sincère que l'on porte aux autres et la joie véritable de goûter de tels moments inoubliables. Et l'on garde précieusement cet écrin de souvenirs dans le subconscient de nos rêves futurs, afin de mieux les apprécier au temps de nos déceptions après de vaines querelles. Ces peines cachées nous procurent de réelles angoisses alors que nous nous croyons à l'abri de ces démoniaques créatures. Elles se déguisent pour mieux profiter de notre vulnérabilité. Pauvres enfants dépourvus de clairvoyance que nous sommes. Les rapports humains sont parfois si difficiles, et la beauté du monde est tellement amère.
Voilà les idées qui me sont venues. J'en restais tout étourdi, profondément choqué.
Pourquoi avoir de telles idées si sombres et si pessimistes alors que je n'ai que dix-huit ans ?

Une terrible migraine me vrillait le crâne. Je repensais à tous ces malheureux qui s'étaient volatilisés, à Kate devenue complètement hystérique et s'était enfuie dans la forêt, à Chris que je ne reverrai plus jamais, à mes parents et à mon petit frère. C'est intensément douloureux de penser à eux, j'en ressens un immense chagrin.
Je me suis rendormi, et j'ai fais un horrible cauchemar. Je vais également essayé de le raconter, mais c'est assez difficile.
Les lueurs transparentes attendaient toujours, là, dehors. L'une d'elle a pénétré dans le chalet, a tourné lentement plusieurs fois autour de moi, ondoyant dans l'air comme une anguille, translucide et si superbement affreuse. Je voyais à travers elle, c'était aussi léger qu'une plume au gré du vent, de légères veinures d'un bleu diaphane serpentant sur tout son corps immatériel.
Mais ses yeux pénétraient l'âme, vous mettaient à nu, vous hurlaient que nous ne sommes que des intrus dans le monde, et que jamais la Nature ne nous avait donné le droit de faire comme bon nous semble. Nous les hommes lui avions tellement fait de mal, détruisant, saccageant, défigurant ce qu'il fallait garder dans toute sa beauté comme une pierre précieuse dans un écrin. Elle avait choisi cet endroit idyllique pour se reposer, loin de ces humains qui lui prenait ce qu'elle avait de plus cher, au nom d'une prospérité si douloureusement inutile. Cet endroit si beau lui appartenait, parce qu'il faisait partie d'elle. Plus jamais un homme ne devrait pénétrer ici, et celles et ceux qui oseraient venir la déranger mériteraient sa vengeance. Elles les réduiraient en fines particules, des ersatz d'existences broyées dans ce qui constitue sa vie, la Nature elle-même. Elles nous renverraient à nos origines bien au-delà des âges parce que c'est comme ça qu'elle se régénère, en puisant dans ce qu'elle a créé pour rester en vie.
J'ai trouvé qu'elle avait formidablement raison.
Mais j'étais mort de terreur. Je voyais ma mort prochaine arriver, parce qu'elle ne me laisserait pas le choix. Je n'avais aucune excuse valable à lui proposer, désespérément coupable de tous ses maux, comme tous les hommes. Alors elle se nourrirait de ma substance et lui appartiendrait tout entier. Je mourrai dans une explosion d'atomes et referai partie d'elle, dans l'obligation de la respecter et de la laisser enfin se reposer quelque part. Oui j'en ferai partie, je formerai un infime éclat dans toute son immense structure. Je serai une écorce d'arbre, le nectar d'une fleur, une goutte d'eau dans une cascade, la légèreté d'un flocon de neige, le bleu d'un arc-en-ciel, ou une légère brise léchant les vagues un soir d'été où le soleil couchant est paré de couleurs magiques et si émouvantes. Je serai tout cela en même temps, et je n'avais pas le choix.
Je me suis réveillé en sueur, un cri d'épouvante au bord des lèvres.


Lundi 14 juillet.
Cela fait deux jours que je suis seul et je suis encore en vie. Mais est-ce une bénédiction ? Aujourd'hui c'est mon anniversaire. Enfin je crois, car tout s'embrouille dans ma tête. C'est comme la tête d'effacement d'un magnétophone pour une bande magnétique. Si je me souviens bien en anglais ça se dit eraserhead. J'essaie de toutes mes forces de me rappeler qui était avec moi il y a quelques jours, je vois des visages, notamment de quelqu'un qui devait s'appeler Chris. A ce nom j'ai des angoisses terribles, il me semble que c'était quelqu'un que j'aimais beaucoup.
Pour mon anniversaire -si c'est vraiment aujourd'hui- je me suis offert une superbe télévision Sony. Ils me l'ont livré ce matin, et l'image est tout simplement sublime. Le seul problème c'est pour la brancher, car il n'y a plus de courant, le groupe électrogène est tombé en rade. Ah oui, je suis allé chez le pâtissier avec mes parents pour acheter une superbe tarte aux fraises. J'adore ça. Chris est avec moi, ou Tom, merde je ne me rappelle plus de son prénom, et on va la manger, rien que nous deux, en soufflant les dix-neuf bougies. Tiens j'aimerai bien aussi inviter la fille devenue complètement folle qui nous a fait un super strip-tease dans ma chambre, en hurlant qu'elle voulait nous baiser. Je voudrai qu'elle recommence. Pourvu que mon petit frère n'arrive pas à ce moment là. Mais non, ce sera pas possible, elle s'est enfuie dans la cave, ou dans la forêt, je ne sais plus. J'ai de plus en plus mal à la tête, c'est insupportable. J'arrive encore à écrire parce que j'ai quand même des moments de lucidité, mais ça ne me semble pas très cohérent.

Hier soir il y a eu un gros orage, la pluie tombait et fouettait les vitres du chalet, une pluie de cauchemar, je ne savais plus où me cacher tellement j'avais peur. Le tonnerre grondait tout là-haut, et les éclairs étaient si nombreux que je me serai cru en plein jour. J'ai jamais vu un orage pareil. Et le vent qui soufflait, un vent monstrueux, faisant craquer les murs du chalet, les torturant, prêt à tout foutre par terre. L'orage s'est arrêté brusquement, et j'ai risqué un œil au dehors à travers l'une des vitres. Les créatures flottaient à une dizaine de mètres, ondoyant dans l'air . Elles attendent le moment, elles me narguent, elles jouent avec moi. J'aimerai tellement quand on finisse.

J'ai vu quelque chose bouger à la lisière de la forêt. Puis ça c'est approché, lentement. C'était Kate. Elle est restée devant la fenêtre, toujours aussi nue et superbement belle, ses longs cheveux bruns tombant sur son visage, et ses yeux, putain ses yeux, sombres et d'un regard mauvais, à m'observer et me dévisager. Elle restait là dehors sous une pluie fine, sans bouger, et intérieurement je lui hurlais ARRETE DE ME REGARDER, FOUS LE CAMP, MAIS QU'EST-CE QUE TU VEUX ?
Puis elle s'est dématérialisée, petit à petit, son corps est devenu opaque, évanescent, et il n'y eut plus rien du tout.
Et j'ai compris. J'ai compris pourquoi elle avait fait ce truc si obscène avec son bâton. L'entité ou je ne sais quoi me l'a fait savoir. Kate, sous ses dehors de sainte nitouche, était en fait une fille facile sans morale qui couchait avec le premier venu, une fille sans cœur qui n'hésitait pas à se moquer de celles qui n'étaient pas aussi belle qu'elle, leur crachant des insultes cinglantes pour mieux les humilier. L'entité l'avait obligée à faire ce qu'elle avait fait, parce que c'est tout ce qu'elle méritait, une juste punition pour sa vie dissolue et inintéressante, et pour toute sa méchanceté et la noirceur de son âme.
Mais il y a une chose qu'elle veut encore me faire comprendre. Ça s'est imposé à mon esprit, comme une évidence. L'orage n'avait eu lieu qu'aux environs du chalet, parce que la chose qui se cache dans la forêt en a voulu ainsi. Je suis le seul être humain qui demeure encore ici, et avant de me faire disparaître je dois encore écrire quelque chose.
Elle était en colère hier soir. Elle l'a manifesté par cet orage si violent, pour me montrer combien elle peut être terrible si elle le souhaite. Les éléments se sont déchaînés, dans toute leur force impétueuse. Je n'ai rien à faire ici, c'est son lieu de repos. Elle efface mes souvenirs et ce que je suis pour être quelqu'un d'autre, quelqu'un qui prend conscience du mal que nous lui avons fait. Nous les hommes avons tout saccagé, les problèmes que nous connaissons sont uniquement de notre faute, parce que jamais nous ne faisons les bons choix : le réchauffement de la planète, la pollution, l'exploitation des richesses du sol à outrance, la destruction de l'environnement, la défiguration de paysages magnifiques, ce foutu argent qui compte plus que tout dans ce monde où nous achetons, achetons, et encore achetons, toutes ces guerres détruisant tant de vies innocentes, et le pire de tout, l'égoïsme de beaucoup face à la pauvreté et à la misère d'encore plus.
Et vous savez quoi ? Nous n'avons aucune excuse.

Je crois avoir saisi ce que requiert le bonheur : la possibilité d'être utile à des gens à qui l'on peut faire du bien et qui n'ont pas l'habitude qu'on leur en fasse. Et puis le repos, les livres, la musique, l'amour de son prochain. Que peut désirer le plus le cœur d'un homme ? L'instant est arrivé où je suis certain qu'il n'est plus rien que je doive encore cacher. Je m'en irai dans un monde irréel, mais jamais mon cœur ne sera loin de vous, ma famille, mes amis, tous ceux que j'aime, aussi sûr que je respire, aussi sûr que je suis triste. Je garderai cette sagesse gravée dans mon âme, je m'en vais plus croyant en la bonté des hommes que je ne l'étais auparavant, malgré tous nos défauts, car il nous reste l'espoir. Et j'ai une raison, une raison de partir serein et apaisé, de disparaître dans les airs.
J'ai compris tout ça, et j'en suis heureux.
C'est la chose dans les bois qui m'a ouvert les yeux. Elle me l'a révélé. Elle n'est pas mauvaise, elle veut juste qu'on l'a laisse en paix dans un endroit tranquille.

Il me semble que c'est le soir, mais je n'en suis pas sûr.
J'ai la tête vi... vide maintenant.
Je n'arrive… plus à… réfléchir… mes…. souvenirs… sont eff… effacés.
Le moment est ve…... venu, elle... va me... désin...… tégrer.
Eraserhead.






Article du journal "Le Daily News" du 22 août 2008 :
Nous sommes toujours sans nouvelles des deux groupes de jeunes gens disparus en pleine forêt alors qu'ils se rendaient dans un chalet pour les vacances. Les autorités locales ont constaté que le chalet était entièrement dévasté, comme si une force inconnue l'avait totalement détruit. Le chef de la police a déclaré : "Jamais je n'ai vu ça, des rondins pourtant très lourds ont été retrouvés à trois cent mètres de la construction, au milieu des bois. Nous avons également retrouvé un carnet, mais ce qui y est écrit est illisible. Nous continuons les recherches, mais depuis le temps je crois malheureusement que c'est sans espoir".
Les autorités ont dû faire face aux éléments déchaînés sur les lieux, un vent d'une violence inouïe les obligeant à cesser les recherches. Nous vous tiendrons au courant si nous avons d'autres nouvelles, souhaitant pour les familles un dénouement heureux.



Une fois le calme revenu dans la clairière, la chose regarda autour d'elle et se montra fort satisfaite. C'était son lieu de quiétude et de tranquillité, un des rares qui lui restait.
Les humains étaient enfin partis, ces créatures à qui elle avait donné la vie et qui se montraient si arrogantes dans leur façon de la défigurer au lieu d'en prendre soin.

Elle pouvait enfin se reposer.

auteur : mario vannoye
photos 4,5,6,9 : maxime gauthier
le 09 octobre 2008