Serial killer



Cela faisait maintenant trois jours qu’il surveillait le chalet. Muni de ses puissantes jumelles, depuis le petit bois à 200 mètres de là, caché derrière les arbres, il ne perdait rien des allées et venues de la maîtresse de maison ainsi que de son fils âgé d’une quinzaine d’année.
C’était un chalet à l’écart du village, à coté d’une petite route secondaire où la circulation se limitait à peu près à deux voitures par jour. C’est pour cela qu’il était en repérage, pour bien connaître les lieux, préférant ne pas être dérangé pour ce qu’il avait à faire. Il ne voulait surtout pas que quelqu’un vienne gâcher son plaisir.




Apparemment ces deux là vivaient seuls, sans homme dans la maison, ni un de ces foutus chiens qui gueulent toute la journée. C’était les vacances scolaires, et seule la femme allait une fois par jour au village voisin faire quelques courses, en laissant le gamin.
Et autrement, pas de visites.
La femme, d’environ 38 ans, était très jolie et avait un corps svelte, c’est du moins ce qu’il pouvait voir depuis sa cachette, quand elle sortait de sa maison avec son fils emmitouflé. Ils s’asseyaient au soleil et discutaient tous les deux.
Il devinait sous le tee-shirt ses seins fermes et bien galbés, et sous le jean ses fesses bien rebondies. Le gamin lui ressemblait beaucoup et il le trouvait très « mignon », ce qui dans sa tête de dégénéré voulait dire qu’il lui ferait subir toutes les violences sexuelles possibles.
Car pour lui, aucune différence entre mâle et femelle, un corps était un corps, et il ne vivait que pour ce qu’il appelait ‘le plaisir suprême’. Plaisir de torturer, de violenter, de faire souffrir, d’entendre ses victimes hurler de douleur sous ses coups, les voir le supplier d’arrêter quand il découpait leur corps avec son couteau de chasse, regarder leurs yeux révulsés quand il lapait leur sang comme un chien. Il réfléchissait à tout ça en se masturbant, gagné par de grands soubresauts d’extrême jouissance.

Jusqu’à présent il avait eu de la chance, beaucoup de chance, car les flics le traquaient comme une bête sauvage. Il rigolait doucement en entendant ses collègues en parler et mettre en place tout le dispositif pour le capturer, et chaque matin en enfilant son uniforme, il savourait d’avance toutes les discussions qu’il aurait avec eux sur le sujet, commentant avec forces détails ce qu’ils envisageaient de faire pour empêcher de nuire celui qu’ils appelaient ‘le boucher du mois d’avril’. Oui, on peut dire qu’il était aux premières loges.
Malgré tout le baratin des journaux et les mises en garde des radios contre lui, il se trouvait toujours des gens qui n’y prêtaient pas attention.
Sous le prétexte banal de la mort d’un parent, son chef lui avait accordé quelques jours de congés, car il était passé maître dans l’art du mensonge. Auparavant, il avait pris soin de regarder dans le fichier informatique de cette petite ville pour trouver la victime idéale, car il en avait la possibilité, et était tombé sur ces deux ravissantes personnes, avec adresse et tout ce qui s’en suit. Deux cents cinquante kilomètres plus loin, le voilà posté à les surveiller, avec encore une autre érection monstrueuse qui palpitait dans son pantalon, rien qu’à penser à ce qu’il ferait à ces deux là. Mais il devait patienter, il s’obligeait à attendre, rien ne devait l’empêcher d’accomplir ce pourquoi il était venu jusqu’ici. Comme tous les ans à la même époque, ce besoin impérieux de massacrer des gens le poussait à agir à en devenir fou, sans qu’il s’explique pourquoi.
Il attendait le bon moment, quand la femme serait partie, pour pénétrer doucement dans la maison et s’occuper d’abord du gamin.
Et voilà. Le Moment Grandiose était arrivé.
La femme venait d’ouvrir la porte donnant sur l’extérieur et se dirigeait vers sa voiture, un panier à la main.
Il entendit le véhicule démarrer et le vit quelques secondes plus tard disparaître au détour du virage.
Alors, comme un fauve à l’affût, il se mit en marche.




En rentrant deux heures plus tard, Karine gara sa voiture et appela son fils pour qu’il vienne l’aider à décharger les courses. Apparemment, il n’entendait pas. Soit il était dans sa chambre à soigner son angine, le casque de son lecteur cd sur les oreilles, soit il était sous la douche, ce qu’elle lui avait recommandé de prendre pendant qu’elle était sortie. Bon, tant pis, elle arriverait bien à se débrouiller toute seule. L’amour qu’elle portait à son fils était pratiquement démesuré, surtout depuis la mort de son père, il y avait seulement six mois. Il avait eu beaucoup de mal à le supporter, n’arrivant pas à l’admettre, et ce n’est que maintenant qu’il reprenait petit à petit goût à la vie.
Plus de télévision, de radios ou de journaux, leurs seuls divertissements étaient d’écouter de la musique, essayant ensemble de surmonter leur chagrin. Mais c’était dur, et elle se devait d’avoir du courage pour eux deux. Elle n’aimait pas le laisser seul, mais pour l’instant il était malade, il fallait bien aller acheter des provisions.
Elle entra dans la maison les bras chargés et posa toutes ses courses sur la table de la cuisine.
Elle entendit l’eau de la douche s’écouler, en un jet continu. Elle fut heureuse de voir que son fils l’avait écouté et se prépara un café.
Puis elle commença à ranger ses achats, une espèce de sixième sens lui signalant inconsciemment que quelque chose n’était pas normal dans la maison.
Pourquoi entendait-on toujours le même bruit de douche et si fort ? On aurait dit que la porte de la salle de bain au premier étage n’était pas bien fermée.
Elle commença à monter les escaliers en appelant son fils, de plus en plus soucieuse, le cœur battant trop fort dans sa poitrine.
La porte de la salle de bain était entr’ouverte.
‘Jimmy, ça ne vas pas ?’. Elle frappa légèrement à la porte et l’ouvrit en grand. Le cri qui sortit de sa gorge fut plus qu’un cri de terreur. C’était un cri de folie, de démence pure.

Son fils, la chair de sa chair, ce pourquoi elle arrivait à tenir le coup après ces dures épreuves, était allongé sur le dos au beau milieu de la pièce, entièrement nu, une longue balafre sanguinolente partant de sa poitrine jusque son bas ventre.
Une profonde déchirure partait d’une oreille à l’autre, lui faisant un rictus de carnaval.
Elle se précipita sur lui et l’enveloppa de son corps, répétant sans cesse son prénom, secouée de sanglots incoercibles, comme si le fait de le tenir dans ses bras pouvait le ramener à la vie.




D’un geste brusque une main la tira en arrière par les cheveux et lui arracha un cri d’extrême douleur.
Une autre main se plaqua sur sa bouche. Une voix d’homme lui murmura à l’oreille :
‘Alors ma belle, ça te plait le spectacle ?’.
Elle se débattit comme une folle, mais l’étau qu’exerçait les mains de l’homme sur elle était trop fort.
‘Tout doux tout doux’ lui susurra-t-il en la retournant pour la regarder bien en face. ‘On va bien s’amuser maintenant tous les deux’. Il lui balança en pleine figure l’un de ses énormes poings.
Elle partit à la renverse, se retrouva dans le couloir et en une fulgurante seconde, il fut sur elle, un énorme couteau à la main.
‘Si tu gigotes, je t’arrache un œil tout de suite’ lui dit-il en appliquant la lame sur son visage.
D’un coup sec il lui arracha son tee-shirt et son soutien-gorge, faisant jaillir ses deux seins magnifiques. Il les caressa avec son couteau, les yeux exorbités, pratiquement la bave aux lèvres.
Il se pencha sur la bouche de Karine et l’embrassa d’une manière obscène en léchant son visage.
‘Tu veux savoir ce que j’ai fais à ton mioche, bien sûr que tu veux l’savoir. Je suis entré très discrètement, il a rien entendu le pôôôôvre, un vrai jeu d’enfant. Et je m’attendais pas à ça, il était sous la douche.
Alors je me suis servi. Y faut voir comme y gueulait quand y m'a vu. J'ai dû le faire taire. Et toi je vais te la mettre et je veux t’entendre gueuler aussi fort que lui. T’entends ça salope, tu vas gueuler à t’en faire péter les cordes vocales’.
Il prit Karine par les cheveux pour l'obliger à se lever et sortit une cordelette de sa poche. Il lui réservait tellement de bonnes choses...
‘Enlève tes frusques. Vas-y. Déshabille-toi !’
Karine était comme paralysée, hébétée, ne pouvant faire le moindre geste. Il lui prit une main, la posa sur le mur, et sectionna proprement le petit doigt, qui retomba au sol en faisant un tout petit bruit.
Ça la fit sortir de son état et elle hurla en regardant son doigt par terre et le sang qui jaillissait de sa main.
‘Je t’ai dis de te foutre à poil. Et pas dans une heure, tout de suite !’ éructa-t-il.
Elle commença fébrilement à enlever son pantalon et un autre coup lui fit cogner très fort la tête contre le mur.
‘Plus vite, t’entends, ou c’est tous les doigts que j’ te coupe’. Malgré la douleur qui lui vrillait le crâne et l’énorme bosse à la tête, elle se dépêcha du mieux qu’elle put. Car elle voyait dans les yeux de cet homme toute la folie qui l’habitait et tout le plaisir qu’il en éprouvait. Et il en éprouvait vraiment du plaisir ce sadique, ça se voyait. Elle fit glisser sa culotte, se retrouvant nue devant ce malade, la peur au ventre, absolument terrifiée.
‘Ben tu vois, c’était pas difficile. Maintenant, on va jouer un peu.’ Il appliqua son large couteau sur le sexe de Karine, sur les poils pubiens de son triangle d’amour.
Il porta la main à sa braguette, l’ouvrit et en sortit son engin droit comme un i, et la pénétra d’un coup, en soufflant comme une bête, donnant des coups de reins rapides, pressé de jouir en elle et de passer à d’autres réjouissances. Il poussait de petits cris comme un animal, et en peu de temps sa semence explosa dans Karine comme un feu d’artifice.
Elle éprouvait un immense dégoût, incapable de se défendre contre cette brute, cette chose qui ne méritait pas d’être un homme. Elle se laissait faire car elle était au-delà de toute combativité, déconnectée de toute volonté défensive. Elle regarda le corps inerte de son fils par la porte ouverte de la salle de bain.
Elle le revit allongé sur le sol, son pauvre fils qui ne connaîtrait jamais les joies de la vie, qui avait été torturé et enlevé de ce monde par cette ordure qui était là à la besogner comme si elle était une putain.
Le fait de voir ainsi son garçon déclencha en elle un immense sursaut d’énergie et la réveilla de son état d’hébétude en hurlant de colère, de honte et de chagrin, avec des envies de meurtre dans les yeux. L’homme qui avait posé son couteau sur la petite table à coté d’eux pour mieux l’outrager ne vit rien arriver, trop occupé qu’il était à son affaire.

Elle enfonça de toutes ses forces les longs ongles de ses pouces dans les yeux de la brute, lui faisant exploser d’un coup les orbites qui jaillirent de leur cavité, et de suite s’empara du couteau de sa main blessée et de l’autre sa bite toute gluante de sperme pour lui trancher les couilles d’un seul coup. Ziiiiip. Puis, en un geste rapide, lui planta l’arme dans le cou, arme qui resta ainsi, tel un objet saugrenu qui n’avait rien à faire là d’ordinaire. Il porta les mains à sa gorge, tournant en rond au milieu du couloir en se cognant partout, ne comprenant pas ni ce qui lui arrivait ni ce qui avait merdé, et gueulant comme un porc.
Le sang jaillissait de son cou en aspergeant les murs, il ne voyait plus rien, les yeux arrachés pendant sur ses joues. Il hurlait comme un dément, cherchant Karine pour la tuer, se rapprochant dangereusement de la descente d’escalier. Et ce qui devait arriver arriva, ce qui devait s’accomplir s’accomplit, il bascula tête la première, dévala chaque marche en un roulé-boulé ridicule et se retrouva tout en bas sans bouger.

Karine descendit l’escalier quatre à quatre, sortit le couteau de la gorge de l’ignoble individu et le planta des deux mains maintes et maintes fois dans le corps inerte, comme une furie, incapable de s’arrêter.
Ce n’est que bien plus tard qu’elle reprit ses esprits, se demandant ce qu’elle faisait là, et la dure réalité lui revint.

Elle se leva, ne prit pas de douche car son garçon était encore dans la salle de bain, étendu par terre, mort, violé, éventré, les yeux grands ouverts, l’air de se demander pourquoi sa mère l’avait ainsi laissé seul au lieu de le protéger.
Elle s’habilla et téléphona à la police, le corps secoué de sanglots qu’elle n’arrivait pas à contrôler.


auteur : mario vannoye
le 09 avril 2007