Transformation



Bonjour ami lecteur,

Il me faut vous conter l'’histoire d'’un jeune homme qu’il m'’est arrivé de côtoyer dernièrement, et, ami lecteur, vous verrez qu'’il ne faut jamais vous fier aux apparences.
Oui, ici et maintenant.
Pour éviter de le nommer personnellement, nous l'’appellerons H.
Ceci est une histoire véridique, sans fioritures, sans y avoir rajouter de choses inutiles, aussi incroyable que cela puisse être.
Ainsi donc, H. menait comme tout un chacun une existence simple et ordinaire, et de part son jeune âge, sans trop de tracas quotidiens ni de soucis que l'’on pourrait qualifier de chiants si je n'’étais quelqu'’un de bien élevé.
H. allait encore en classe, à l'université si j'ai bonne mémoire. Oui c'est ça. Il étudiait une matière ardue et ô combien scientifique, à savoir la physique. Il devait en avoir des neurones qui s'entrechoquent pour pouvoir étudier une chose aussi difficile, une capacité intellectuelle hors du commun afin de comprendre toutes les trop nombreuses formules qui se cachent derrière des algorithmes, des racines carrées, des théorèmes dont je n'ose même pas imaginer toute la complexité. Il devait de plus faire étudier la chimie. C'est du moins ce que j'imagine, autrement jamais il ne lui serait arrivé une telle infortune.
Pour connaître un peu mieux le personnage ami lecteur, j'’aimerais vous donner quelques précisions concernant le quotidien et la personnalité de H.
Agé de presque vingt ans, il ne rechignait pas à faire la fête avec ses condisciples universitaires. Lorsque l'occasion se présentait, boire plusieurs bocks de bière ne lui faisait pas peur, quitte à avoir un mal de crâne carabiné le lendemain matin.
Ensuite donc il rentrait chez lui, pas très frais, essayant de ne pas réveiller ses parents qui auraient certainement été horrifiés de voir leur fils dans cet état lamentable. Mais bon, rien de bien méchant, du moins pour l'instant.
D’'ailleurs ses parents il les aimait beaucoup. Ils le considérait comme un bon fils affectueux, ne manquant jamais d'être à la maison lors de l'anniversaire d'un des membres de la famille.
Ils habitaient une jolie maison jaune et possédaient un chat extrêmement gentil, une grosse boule de poils de type persan. Heureusement que l'on voyait un peu les yeux bleus du bel animal car on aurait su dire où était la tête et où était la queue avec tous ces poils.
Dans sa maison il disait avoir sa chambre au sous-sol, mais je reste persuadé qu'en fait il dormait dans la cave, que c'était ses parents qui l'y obligeaient, car, vous le comprendrez plus tard, c'était mieux ainsi pour tout le monde. Ils aimaient beaucoup leur fils, je vous l'ai déjà dis, mais une chose incroyable lui arrivait régulièrement, et pour cela il valait mieux le laisser en dessous de la maison. Je n'ai jamais vu à quoi ressemblait sa tanière, j'imagine un lit de paille avec une écuelle d'eau et quelques os à ronger, sa véritable chambre étant ailleurs dans la maison.
D'un naturel attachant, il avait un ami plus âgé qui avait tendance à faire le pitre mais cachait au fond de lui une sensibilité à fleur de peau, pratiquement un écorché vif. C'était sa manière à lui de montrer combien il appréciait sa présence. Il espérait simplement que c'était réciproque.
Mais il est temps maintenant de vous raconter ce que j’ai vu de mes propres yeux.
Car H. devenait plus que H., il devenait H.C., comme ses initiales, mais là cela voulait dire l’'Horrible Créature.
Ici et maintenant.
Et si vous avez le cœoeur fragile ami lecteur, ne continuez pas la lecture de cette histoire.




Un soir donc la lune était pleine et diffusait sa lumière mordorée, créant ainsi des moments propices à toutes sortes de phénomènes surnaturels.
J'ai entendu au beau milieu de la nuit un cri si terrifiant que j'en ai eu la chair de poule, une espèce de hurlement, comme fait un loup dans un bois. Mais là ce n'était pas un loup. Ce que je faisais à cette heure indue dans ces environs, je ne sais plus exactement, mais peu importe.
Le coeœur battant la chamade, j'’ai essayé de percer la nuit de mes yeux grands ouverts, prêt à prendre les jambes à mon cou si jamais je voyais quelque chose d'’anormal.
Et tout d'’un coup une espèce d’'animal gigantesque me renversa au sol, appuyant ses deux pattes avant sur ma poitrine, m’'écrasant les poumons. Je pouvais à peine respirer, la panique me suffoquait.
Je sentais l'’haleine de l'’animal me souffler en plein visage, une haleine écoeœurante. Il avait encore les babines pleines du sang de son dernier festin, des lambeaux de chair pendaient encore de sa gueule.
Ses longues griffes me labouraient le torse jusqu'au sang, Il cherchait à me prendre la tête entre ses immenses mâchoires, à me dévorer avec ses longues dents. J'essayais de le repousser comme je pouvais, me servant de mes mains et de mes jambes de façon frénétique, hurlant à l'agonie, voyant mes chairs déchiquetées par le monstrueux animal. Je ne voulais pas finir ainsi, mes forces étaient décuplées, mais je savais au fond de moi que je n'avais aucune chance.
Son regard croisa le mien et il arrêta net son horrible besogne.
Je ne savais plus que faire, m'attendant au pire, me voyant déjà mort et dévoré, car n'était-ce là qu'un moment de répit ? Mais non, ses yeux jaunes se faisaient de plus en plus perçants et c'est là que je compris la sinistre vérité.
Je reconnaissais ces yeux, oui, je les reconnaissais.
Je les avais déjà vus, et ce n'’était pas une espèce de loup-garou qui les possédait d'’ordinaire, c’'était H.



H. qui était devenu H.C., l'’Horrible Créature, et par là même ce loup assoiffé de sang et de chair fraîche, de chair humaine, parcourant la campagne les soirs de pleine lune.
Grâce à ses cours de physique et certainement de chimie, il avait trouvé et expérimenté sur lui une maudite formule qui le transformait ainsi.
Je comprenais mieux pourquoi il dormait dans une espèce de cave. Il avait réussi à créer l'’impossible.
Ses parents le savaient, j'en suis certain. Ils aimaient beaucoup leur fils, et quels parents admettraient que leur tendre progéniture se tranforme en un horrible monstre les soirs de pleine lune ?
Je suis persuadé que H. ne se rend pas compte non du mal qu'il peut faire durant cette période, la drogue est dans son sang désormais. Une force impérieuse l'oblige à accomplir ces terribles forfaits, recommençant toujours et toujours, dans l'impossibilité d'y mettre fin.
Mais pourquoi n’'a t-on jamais entendu parler de toutes les personnes disparues ?
Je n'ose imaginer combien il en a ainsi dévoré, tel un cannibale, car il est et restera un être humain.
Je ne peux m'’empêcher d'’avoir pitié de lui. J'’aimerais au plus profond de moi l’'aider à ne plus connaître ses instincts meurtriers, mais ne sais que faire.
Alors je deviens complice de son expérience diabolique et je laisse faire, comme si je n'’avais jamais vécu cet horrible évènement, n'’osant penser une seule seconde à ce qu’il m'aurait fait s'’il ne m’'avait pas reconnu.
Et vous ami lecteur, comment réagiriez-vous ?
Moi, je ne peux trahir son secret.

Oui, ici et maintenant.

auteur : mario vannoye
le 04 avril 2007